Cet article provient de l’édition de janvier 2023 du Magazine d’Héma-Québec. Tous les numéros du Magazine peuvent être consultés ici.

Un test novateur conçu par Héma-Québec

Avant de procéder à une greffe de cellules souches, on doit s’assurer de la qualité des cellules qui seront utilisées. C’est pourquoi on mesure en laboratoire leur capacité à se reproduire dans un contexte semblable à celui du corps de la personne qui recevra la greffe. En général, il faut environ 14 jours pour que les cellules forment, en se divisant, des colonies pouvant être comptées au microscope. C’est ce qu’on appelle l’épreuve de croissance des colonies.

Si la capacité de ce test à évaluer la probabilité de succès d’une greffe est reconnue, le temps qu’il demande peut poser problème lorsque l’état de santé du patient en attente d’une greffe est critique. D’où l’intérêt de changer d’approche.

L’idée proposée par les chercheurs d’Héma-Québec, Sonia Néron (aujourd’hui à la retraite) et Carl Simard, est de simplifier l’approche : « Au lieu de mesurer la prolifération des cellules, explique Renée Bazin, directrice scientifique, on mesure leur intention de se multiplier. »

Ce nouveau test repose sur les mêmes bases que la technique actuellement utilisée : on soumet un échantillon des cellules souches à une batterie de signaux qui recrée le contexte du corps humain. Mais plutôt que d’attendre l’apparition de nouvelles cellules, on guette plutôt la modification d’une protéine appelée STAT5, qui indique le début du processus d’activation et de reproduction des cellules. Ainsi, on mesure l’intention de se multiplier, un peu comme si on jugeait de la valeur d’une graine dès sa germination sans attendre l’apparition d’une tige et de feuilles.

Or, la modification de la protéine STAT5 apparaît dans les minutes suivant la stimulation de l’échantillon. Le nouveau test développé à Héma-Québec est donc beaucoup plus rapide que le test actuel. Et toutes les vérifications effectuées montrent qu’il est aussi précis et fiable! Des tests ont déjà permis de prouver la corrélation entre ce nouveau test et l’ancien. Il reste encore à vérifier la corrélation avec la prise de greffe. C’est ce qui sera fait dans les prochains mois et prochaines années.

Cela dit, la présentation du test dans des congrès et des réunions d’experts internationaux a d’ores et déjà suscité un grand intérêt, ce qui a mené au lancement d’une étude multicentrique visant l’essai et la standardisation de la méthode dans des laboratoires de thérapie cellulaire canadiens, américains, européens et asiatiques. « Notre ambition, conclut Renée Bazin, c’est que notre test devienne la nouvelle norme mondiale. »