Cet article provient de l’édition de mai 2023 du Magazine d’Héma-Québec. Tous les numéros du Magazine peuvent être consultés ici.

Banque de sang rare : le défi de la compatibilité

Le sang rare coule dans les veines de peu de personnes. En effet, le groupe sanguin d’un individu est considéré comme rare quand il est décelé chez moins de 0,1 % de la population, ce qui indique une compatibilité avec 1 personne sur 1 000.

Comment apprend-on qu’on a un sang rare? « Par exemple, lorsqu’on fait un bilan sanguin dans un hôpital, explique Jessica Constanzo Yanez, spécialiste en immunologie érythrocytaire à Héma-Québec. Parfois, ce sont aussi grâce aux tests sanguins que font les femmes enceintes. Et on fait aussi des tests à Héma-Québec parmi nos donneurs de sang. »

Ce sont les antigènes à la surface des globules rouges qui déterminent le groupe sanguin. En plus des systèmes de groupes sanguins ABO et Rh, très répandus dans la population, il existe plus de 600 antigènes connus, parmi lesquels certains sont très rares. Sans surprise, le grand défi de la transfusion de sang rare est donc la compatibilité. Or, quand le besoin émerge, trouver un donneur de sang peut se révéler une véritable course planétaire contre la montre. Si une personne avec un sang rare reçoit une unité de sang régulier, même de groupe sanguin 0 négatif, une réaction immédiate ou retardée peut survenir. Pour certains de ces patients, selon la rareté du sang, il faut procéder à des recherches dans le monde entier pour trouver un sang compatible, ce qui peut parfois prendre des semaines. Malheureusement, on ne dispose pas toujours d’autant de temps…

C’est pourquoi Héma-Québec, dont la banque de sang rare compte environ 2 000 culots congelés de plusieurs types de sang rare, aimerait diversifier cette dernière. L’obstacle à la croissance de la banque, c’est que l’organisation n’a pas le droit de contacter les patients dont le sang est reconnu comme rare pour leur demander de donner du sang ou de procéder à une étude familiale avec leur fratrie. Dans cette optique, l’organisation a lancé en janvier 2022 son programme de sang rare, dont l’objectif est de collaborer avec les centres hospitaliers pour avoir accès aux patients ayant un sang rare. En optimisant sa banque, Héma-Québec souhaite répondre à des demandes d’unités de sang rare en quelques jours, le plus souvent à partir de sang prélevé dans ses propres centres de dons.

« Souvent, quand les gens apprennent qu’ils ont un sang rare, ils voient ça comme une maladie, explique Jessica Constanzo Yanez. Mais ce n’est pas un problème de santé. Ce sont des gens différents des autres, qui peuvent aider d’autres personnes qui ont le même sang rare qu’eux. »

C’est cet esprit d’entraide, au cœur de la mission d’Héma-Québec, qui a motivé en 2022 le lancement du programme de sang rare, qui vise à sensibiliser les médecins et les patients de la province à l’existence des sangs rares et à faciliter le recrutement de nouveaux donneurs.

Dans le cadre de ce partenariat, Héma-Québec, au moment de confirmer le type de sang du patient après analyse dans ses laboratoires, demande au médecin qui doit le rencontrer d’en profiter pour remettre au patient une brochure explicative. En signant un formulaire de consentement, le patient autorisera Héma-Québec à entrer en contact avec lui. C’est aussi simple que ça!

Ainsi, les personnes ayant un sang rare peuvent s’entraider les unes les autres… et même se sauver la vie!